Petite, j’étais une enfant sage. De celles que l’on n’entend jamais, qu’on oublie même parfois, de celles qui ne posent pas de problèmes. A l’école, j’étais bonne élève, soucieuse de collectionner des bonnes notes qui me vaudraient un bulletin élogieux.
Pas de crise d’adolescence non plus. Ca ne se fait pas.
Et puis j’ai grandi. J’ai eu un « bon »métier, dans lequel j’ai dépensé une énergie folle pour être la meilleure. J’ai réussi. Pour tout le monde, c’était normal. Je réussissais tout ce que j’entreprenais.
Enfin, pour mon bonheur, j’ai vieilli. Après avoir couru des années durant après la perfection, j’ai appris le bénéfice de l’erreur, du tâtonnement. J’ai compris que non seulement la perfection n’était pas de ce monde mais qu’en plus, elle ne rendait pas heureux. Si je suis parfaite, je ne peux plus m’améliorer. Donc, je m’ennuie. A moins de faire de l’autosatisfaction un art de vivre…
Depuis, je suis enfin moi-même. Du moins, le plus souvent. D’ailleurs, je ne vais pas m’évertuer à écrire un article parfait. Seulement à dire simplement ce que je constate chaque jour : se laisser une marge de progression permet d’évoluer, de s’améliorer, de tester des solutions nouvelles. Se contenter de faire bien me laisse aussi le temps et l’envie de découvrir un tas de choses inédites.
Aujourd’hui, pour plagier un célèbre écrivain*, je suis « imparfaite, libre et heureuse ».
Et vous ?
* "Imparfaits, libres et heureux" de Christophe André, Editions Odile Jacob