Lâcher prise
On en rêve, mais sait-on réellement le faire ? Car lâcher vraiment prise et se laisser aller à être seulement soi-même, nécessite d’accepter de cesser de vouloir tout contrôler : son temps, ses relations, ses émotions… dans un monde où tout va très vite. Et si je contrôle, j’assure… je me rassure devrai-je dire. Et vous, dans quel domaine « gérez-vous » ?
1. Je contrôle mes émotions.
Je suis le roi du self-control. Je suis lisse. Je ne mets pas en colère. Je suis d’humeur égale. Je respecte les autres en ne partageant pas une intimité qui ne regarde que moi. Je ne suis pas souvent déstabilisé par les événements. Je gère.
En réalité, j’ai peur que me laisser aller à mes émotions (tristesse, colère, peur, joie) ne montre aux autres à quel point je suis faible donc peu fiable. L’éducation nous y encourage dès l’enfance : les garçons ne pleurent pas mais sont autorisés à se bagarrer ; les filles pleurent et ont besoin d’être protégées, elles sont autorisées à se plaindre. Exagéré ? Obsolète ? Quand avez-vous pleuré la dernière fois à chaudes larmes, sous le coup d’une émotion ? Réfléchissez bien…
Les larmes non, mais la colère oui. Socialement recevable, la colère. Signe de tempérament, de caractère bien trempé, d’autorité. Redoutable aussi : si je me laisse aller à la colère, je ne contrôle pas mon comportement et montre une face peu agréable de mon caractère. Je m’attire les foudres de mon entourage. Que va-t-il penser de moi ? Refoulement préférable. Je gère.
La joie ? Oui, je suis content. Sourire… Vraiment ? Oui oui oui. Je ne vais quand même pas gambader dans le jardin pour le montrer ! Ca servirait à quoi, sinon à me rendre ridicule ? Oui, je suis content. C’est intérieur… je gère.
La peur ? Ça, je connais. Je vis avec. Mais on ne voit rien, rassurez-vous. Je me ronge l’intérieur, je dors mal et mon dos me fait souffrir. La vieillesse, que voulez-vous ! (Ou le stress) Nul n’en réchappe. Ne vous inquiétez pas, je ne m’écoute pas et avale un cachet. Je gère.
Le contrôleur émotionnel cherche à dompter un domaine d’expression vital où l’inconscient s’exprime au travers du corps. Il craint d’être dépassé par une réaction indépendante de sa raison. L’émotion perturbe un équilibre fragile et déstabilise. Elle est le fruit de notre expérience passée et de son interprétation. Elle ne ment pas et nous révèle tels que nous sommes. Lorsqu’elle est refoulée, elle perturbe nos relations, nous condamne à une solitude interne et à une mise sous tension permanente. Elle nous épuise. Permettre à une émotion de s’exprimer libère d’un sentiment d’insécurité et augmente la confiance en soi.
Et pour aller plus loin :
- Nommez ce que vous ressentez : je suis déçu, j’ai honte, je me sens coupable, j’ai peur, je suis heureux, je suis inquiet, je me sens triste, ça me fait plaisir…
- Quelles sensations sont liées à ce ressenti ?
- Acceptez cette émotion et ses manifestations.
- Passez à autre chose : votre corps et votre cerveau ont enregistré et réduiront leurs réflexes défensifs lors de la prochaine manifestation de l’émotion.